Ceci montre qu’il y avait une maison à Jouralem en 1363, qu’elle était occupée par Macé Grésillon, vassal de Marguerite de Baussay, elle-même vassale du seigneur de Rays. La découverte d’une cave voutée devant la façade ouest du bâtiment actuel pourrait supposer que la maison d’origine se situait à cet emplacement.
Cette Marguerite de Beaussay figure dans la branche des Chèneché de la famille des de Beaussay, dont la branche maitresse connut plusieurs grands personnages : un Hugues qui fonda (dit-on) les Cordeliers, dans la ville de Loudun, Guy de Beauçay qui participa aux croisades de Saint-Louis et mourut en 1270 à Tunis, Hugues de Beaussay, dit le Grand, qui fut un des généraux du comte d’Anjou. On peut émettre l’hypothèse que le logis de Jouralem tient son nom de cette famille qui porta très haut les valeurs du christianisme, et des Templiers.
La féodalité
Pour bien comprendre l’évolution de la propriété de Jouralem, il faut rappeler quelques principes d’organisation de la féodalité.
La féodalité est fondée sur la relation entre deux personnes : le seigneur et son vassal. Le seigneur protége, le vassal le sert. Au fil des siècles la protection ne correspond plus qu’à des biens (maisons et surtout des terres) : le fief, et la servitude n’est plus que le paiement annuel au seigneur d’un impôt ou cens.
La notion de propriété n’a pas le sens actuel. En effet le seigneur possède la propriété « imminente », il retire un revenu de ce bien (le cens ) mais ne l’habite pas, ni l’exploite et ne peut le vendre.
Le vassal possède la propriété « utile », souvent il habite le fief et l’exploite. Mais c’est lui qui peut le louer ou bien le vendre.
Ces droits et devoirs feront l’objet de documents de reconnaissance de vassalité : aveu et lettre de recettes. Ce sont ces documents qui vont nous permettre de connaître les différents propriétaires d’un bien.
Jouralan, fief de Cheman :
En application des principes rappelés ci-dessus nous pouvons dresser la chaîne « hiérarchique » de féodalité pour Jouralem.
Le seigneur suprême c’est le roi, pour notre région son vassal est le comte d’Anjou. Celui-ci est seigneur du baron de Blaison qui est seigneur du sieur de Cheman, lui-même seigneur du sieur de Jouralem ! ouf !
C’est à partir du livre des cens et recettes dus au seigneur de Cheman, nous découvrons que Jouralem est une tenure de cette seigneurie en 1559. Ce n’est pas le cas dans le censif de 1479. Jouralem devait dépendre d’une autre seigneurie, peut être directement de celle de Blaison ? ou d’une autre seigneurie car nous n’avons pas trouvé de référence à Jouralan dans l’aveu de la baronnie de Blaison en 1405.
Premiers propriétaires connus :
Cens 1567 du censif de Cheman (E438 ADML)
Le premier propriétaire connu est Jean Desnoireulx marié à Françoise Bordier. Il apparaît sur le document « recette des cens de 1545 à 1558 ».
De 1559 à 1561 il est cité en nom propre, il doit décéder à cette époque car par la suite c’est Françoise Bordier, sa veuve qui est citée. En 1588 elle fait l’objet d’un rappel de cens de 4 ans ! Elle est alors déclarée « veuve de sieur Robert Herriau », elle a du se remarier.
Il est très probable que ce soit Jean Desnoireulx qui fasse construire la partie nord du bâtiment actuel (cf. ci-contre).
Ce nouveau bâtiment dispose d’un rez-de-chaussée, d’un étage, un grenier et d’une tour attenante permettant l’accès aux étages par un escalier en ardoises. A-t-il construit été sur l’emplacement d’une ancienne maison ou a-t-il été construit à coté d’une ancienne maison située sur la cave ? Aucun document ne favorise l’une des deux hypothèses mais l’existence de cette cave plaide pour la seconde.
En 1589 elle décide de vendre à Florent Gruget. Il ne reste propriétaire que 20 ans et le vend en 1610 à Charles Rogeron. (la suite dans la brochure en vente à notre adresse pour 2 euros)
Dominique Ozange